Psychopathe

Rémy, 20 ans, tué par le vampire de Nanterre

«Il nous regardait, les yeux fixes, en continuant à frapper Rémy à coups de couteau. Et puis il s'est mis à genoux par terre, le visage contre le cou de sa victime, et il a bu son sang. Cet homme était comme possédé.

Christophe et Philippe, encore tremblants d'effroi, ont tout tenté, dans la nuit de samedi à dimanche, pour tirer leur camarade Rémy, 20 ans à peine, des griffes du tueur fou qui a sauvagement assassiné le jeune homme, en pleine rue, cité des Provinces-Françaises, à Nanterre. Un meurtrier d'une violence et d'une froideur hallucinantes, manifestement inspiré par de sombres rites sataniques. Il est minuit lorsque Rémy, jeune homme calme, salarié de la petite entreprise de démolition familiale, s'apprête à aller en boîte de nuit. Seul, il se rend à la gare RER de Nanterre-Université, en face de la cité des Provinces-Françaises où il habite avec sa grand-mère. A quelques mètres de là, assis sur un banc en costume-cravate, drapé dans un imperméable, Jean-Pierre R., 23 ans, l'observe du coin de l'oeil.

Prêt à frapper. Américain d'origine, globe-trotter, l'homme a loué pour de mystérieuses raisons un appartement dans la cité voilà quelques mois. Solitaire, introverti, Jean-Pierre R. n'a jamais adressé la parole à quiconque, pas même à ses voisins de palier, et les rares personnes qui l'ont croisé se bornent à l'appeler « l'Américain ».

« Il me regardait sans rien dire. Un monstre... » A la vue de Rémy, qu'il ne connaît pas, le meurtrier se lève, le suit, et par-derrière le frappe sauvagement de plusieurs coups de couteau. Grièvement blessé, le jeune homme se traîne sur le parking de la cité. Mais toujours sans un mot, avec une froideur incroyable, Jean-Pierre R. plante son arme dans la gorge du jeune homme, lui tranche la langue, s'acharne sur l'arrière de son crâne, brise ses vertèbres, lui sectionne l'aorte. « Je ne trouve même pas les mots pour décrire une pareille horreur, murmure Philippe, qui passait sur les lieux avec Christophe et a assisté à l'agression. Pour tenter de sauver Rémy, j'ai arraché le combiné d'une cabine téléphonique et je l'ai frappé, frappé comme un fou... Mais il me regardait sans rien dire, comme s'il ne sentait rien. Un monstre.

Arrêté dans la nuit alors qu'il venait de se réfugier dans son appartement, au 11, rue de Provence, à quelques dizaines de mètres du lieu du meurtre, Jean-Pierre R. n'a rien livré, ou presque, aux enquêteurs. Mais les objets retrouvés ont parlé pour lui. Ou, du moins, fourni quelques explications aux policiers : des écrits délirants, d'inspiration satanique ; d'autres, évoquant une nébuleuse philosophie orientale. Des textes, en tout cas, faisant l'apologie de la noirceur et de la mort. Ont-ils inspiré sa folie sanguinaire ? Manifestement. Pendant sa garde à vue qui a eu lieu à l'hôpital de Nanterre, en raison notamment de ses blessures aux mains, les enquêteurs de la PJ ont tenté d'en savoir plus. Sur le passé de Jean-Pierre R., sur ses multiples voyages ces dernières années aux Etats-Unis, au Québec et en Hollande et, surtout, sur les raisons de sa récente installation à Nanterre, où il n'avait semble-t-il ni travail ni attaches. Mis en examen, hier soir, pour homicide volontaire, il devait être écroué. Aux Provinces-Françaises, paralysés par l'émotion, les habitants qui ont fleuri le lieu du drame comptent organiser une marche silencieuse en hommage à « l'enfant du quartier mort pour rien ».


10/02/2006
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